Textes divers / Gérard Mordillat
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Max Chemla  |  
Gérard Mordillat   |  
Claude Froulin   |  
Gérard Mordillat (écrivain et cinéaste)
Personne ne peut résister à la tentation : lorsqu’on s’approche des sculptures de Suzel Galia le premier mouvement est toujours de tendre la main, de les toucher ; de laisser sa paume en caresser les formes, s’attarder sur le rond d’une épaule, le creux d’un dos, le repli d’une cuisse ; de chercher du bout des doigts le sillon qui dessine ici un sexe, là un sein, un sourire, une fossette…Devant les sculptures de Suzel Galia, ces femmes secrètes protégeant leur féminité pour mieux l’exposer, l’esprit est toujours « touché par le désir ». La pierre se fait chair, une chair dont l’œil et la main n’ont de cesse d’éprouver la finesse, la transparence, la texture ; une chair gorgée d’envies lourdes de ses langueurs, traversée de ses doutes, de ses tourments. Une chair vivante, saisie dans son mouvement, dans ses élans et cependant l’exact contraire de l’instantané photographique. Les sculptures de Suzel Galia ne citent pas le temps par fractions, elles le cernent, l’entourent, le minéralisent jusqu’à ce qu’il s’incarne dans la pierre, et demeure dans la durée.Regarder une sculpture demande une attention particulière, une autre forme de regard que celui qu’une toile ou un dessin sollicitent, une attention plus patiente, plus aiguë. Les sculptures - et tout particulièrement celles de Suzel Galia - ne se livrent pas au premier coup d’œil. Peut-être plus que tout autre art plastique, la sculpture est un art pudique ; et il faut partager longtemps la compagnie d’un marbre, d’une serpentine ou d’un granit pour percer son intimité. Cette intimité qui est le centre même du travail de Suzel Galia.La question que pose Suzel Galia à chaque corps qu’elle sculpte est bien celle-là : comment saisir d’un geste ce qui se tait ? Comment saisir le désir, l’attraper par le corps ? Sans doute chaque sculpture apporte-t-elle une réponse particulière à cette question ; la répétition du geste montre, à l’évidence, que la réponse n’est jamais absolument satisfaisante. Mais c’est le geste qui compte puisqu’il n’est autre qu’un geste amoureux.