Textes divers / Claude Froulin
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Claude Froulin (musicien et physicien)

Voilà à quoi peut ressembler le caillou de départ, découpé à la machine, à même la carrière.
Quand un esprit cartésien comme le mien voit ce bloc, il pense aussitôt à un H.L.M. ou à un bout de gruyère, sans les trous.
Bon, je ne serai jamais sculpteur…
Je ne sais pas ce qui traverse l’esprit – non cartésien – de Suzel Galia mais j’ai eu la chance de voir comment son corps réagit.
D’abord elle tourne (littéralement) autour du cube. Puis sa main, armée d’un crayon, esquisse quelques traits grossiers sur la pierre.


Cela donne à peu près ça :
(je ne serai jamais dessinateur non plus).
Suzel s’empare alors de sa meuleuse – 12 000 tr/min – et la danse peut commencer. Comme le dit Alain :« Le sourire et la grâce de tout le corps, voilà ce que veut l’outil ».
Quelques instants plus tard, lorsque la poussière est à peine retombée, tout est déjà là . Mais ce geste créateur fulgurant ne prend tout son sens que dans le lent et long travail qui le prolonge.
La massette, les ciseaux puis le papier de verre ont remplacé la machine. La main est au plus près du marbre. Le cœur aussi sans doute.
Cette dernière étape est, à mes yeux, la plus importante ; peut-être parce que, comme en amour, elle correspond à toutes les enveloppes qu’il faut patiemment enlever pour espérer parvenir à la simplicité du vrai.